PEUT-ÊTRE UN MOMENT CLE

Peut-être (espérons-le) un moment-clé dans l’attitude du gouvernement sur la prostitution : le rapport de l’IGAS ( Inspection Générale des Affaires Sociales) en  décembre 2012.

Le 20 décembre 2012, Madame Najat Vallaud-Belkacem commentait le rapport sur la prostitution de l’ Inspection des Affaires sociales, rapport qui présentait de notables différences avec celui présenté par la commission Geoffroy-Bousquet à l’ Assemblée Nationale en 2011 : d’abord une absence de dogmatisme préalable : la commission de l’ Assemblée avait rencontré une immense majorité de personnalités abolitionnistes, qui affirmaient par principe que la prostitution volontaire n’existe pas; La commission de l’ IGAS a rencontré un plus grand nombre de personnes au total, une plus grande variété de témoignages, et même un plus grand nombre de prostituées  en exercice ; surtout, elle préconise, c’est important, l’utilisation du terme « personnes qui se prostituent » plutôt que le terme « personnes prostituées »; la différence peur sembler ténue, mais elle admet clairement qu’il existe des personnes qui exercent ce métier par choix, à côté de celles que les abolitionnistes affirment être « l’immmmense majorité ».  Ainsi, la commission de l’IGAS conclut :

Il n’y a pas une mais des prostitutions.
Le terme de prostitution recouvre des réalités diverses, contrastées, en constante évolution : le fossé est grand entre l’ « escort » travaillant à son compte en appartement à partir d’un site internet et l’étrangère sans papier qui se prostitue dans la rue pour le compte d’un réseau.
Féminine pour l’essentiel, la prostitution peut aussi concerner des hommes ou des personnes transgenres/transsexuelles, et elle est pratiquée sur une très large tranche d’âge, par des personnes de nationalité française ou étrangère. Elle peut être régulière ou occasionnelle, se pratiquer sur la voie publique ou à l’intérieur (prostitution dite « indoor »), de façon plus ou moins contrainte ou autonome.
Ces réalités sont difficiles à appréhender et leur connaissance demeure limitée et partielle : le nombre total des personnes qui se prostituent est inconnu et les estimations varient de 1 à 20 selon les sources.
La part, dans ce champ, des différents profils et formes d’exercice est encore plus difficile à évaluer. Les seules données disponibles émanent des autorités en charge de la sécurité publique et des associations de terrain et portent essentiellement sur la prostitution visible. Elles décrivent une population très largement constituée de femmes étrangères en situation irrégulière, et vivant dans des conditions plus ou moins précaires. Mais ce tableau ne concerne que la seule prostitution de rue, et ne saurait être extrapolé.
Plus loin, la commission précise :

Les chiffres de 80 % de personnes qui se prostituent d’origine étrangère ou de 80 % de sans papiers sont abondamment repris dans les médias sans mention de source, et pour cause, puisqu’ils ne se fondent sur aucune statistique officielle et représentent tout au plus des ordres de grandeur très approximatifs.

C’est personnellement ce que j’affirme dans mon livre « Délivrez-nous des dogmes, en m’appuyant sur des études réelles et scientifiques menées dans d’autres pays, aussi variés que le Royaume Uni, l’Inde, la Nouvelle Zélande et l’ Australie… Cette notion d' »immmmense » majorité est un affirmation alarmiste et dépourvue de fondement scientifique.

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Le 19 décembre, le rapport avait été présenté par la commission de l’IGAS à la commission des droits des femmes, et l’on peut déceler dans les questions que les membres de cette délégation ont posées et dans les réponses qu’ils ont reçues, la prise en compte, enfin peut-être, des diversités de la prostitution, du fait qu’une partie importante des personnes qui se prostituent le font de leur plein gré, et qu’une mesure répressive générale n(‘est pas la solution

 

 

 

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